"Voici mon témoignage
sur les internements psychiatriques abusifs dont j'ai été victime.
Vers 25 ans (j'en ai
53) j'étais à l'Hôpital Fernand Widal pour une désintoxication à l'alcool.
Jusque là rien de bien méchant. Mais dans cet hôpital, j'avais tendance à
devenir anorexique avec des tendances boulimiques. Certains membres de ma
famille, avec la complicité des psychiatres m'ont enfermé en tant que
schizophrène (il s'est avéré dix ans
après que je n'avais jamais eu aucun symptôme de schizophrénie)
Ils m'ont envoyé à
Maison Dieu, je crois que c'était à Paris, où je me suis retrouvée enfermée
dans un dortoir de plus de 50 femmes toutes générations confondues, avec
interdiction de sortir et camisole chimique. Pour prendre une douche, on
faisait la queue à poil, comme traitement inhumain, il n'y a pas mieux. Ensuite on
m’a enfermé à l'HP d'Auxerre avec des barbelés de plusieurs mètres de haut,
comme si un jour j'avais été dangereuse. Le comble ce fut ce centre ou on y
mettait des femmes qui venaient d'arrêter l'alcool 2/3 jours avant, ce n'était
pas mon cas puisque j’avais arrêté depuis de nombreux mois. Je n'ai
pu me sortir de cet enfer qu'avec la complicité de l'assistante sociale et du
médecin, en secret, qui étaient en procès contre la directrice du centre pour
traitements inhumains (la directrice a été obligée de fermer son centre par la
suite). Dans ce Centre, on se levait à l'aube et travaillait jusqu'à très tard.
J'avais travaillé à la chaine donc je connaissais le travail difficile, mais
dans ce centre c'était bien pire, car on nous considérait comme des animaux et
encore je suis gentille.
[Question : où allait l'argent ainsi gagné?]
Sans compter les nombreux mois ou je suis restée dans le service des urgences à l’hôpital Sainte-Anne où il y avait 4/5 lits dans chaque chambre, on avait à peine la place de passer pour accéder à son lit (il fallait se mettre de côté).
Sans compter les nombreux mois ou je suis restée dans le service des urgences à l’hôpital Sainte-Anne où il y avait 4/5 lits dans chaque chambre, on avait à peine la place de passer pour accéder à son lit (il fallait se mettre de côté).
Ensuite toujours pour
mon bien on m'a mis dans une chambre à Paris, bien sûr j'avais le droit de
sortir. Mais vu ce que j'avais vécu et ce que l'avenir me réservait toujours
grâce à ma chère famille et la complicité certaine de la psychiatrie, j'ai tenté de me suicider. Je me
suis retrouvée dans un coma de plus de dix jours après avoir avalé une dose
massive de médicaments. C'était à l'époque ou J. Chirac avait mis en
circulation la carte Paris Santé qui permettait d'aller consulter plusieurs médecins en
une seule journée. Après ce coma, je me suis réveillée avec la jambe
gauche paralysée. J'ai mis plus de dix ans à remarcher sans aucun soutien, ma
famille n'ayant donné aucune nouvelle durant tout ce temps.
C'est après ce temps
que j'ai su que je n'étais pas schizophrène et que ces enfermements ne m'avaient guéri en rien. Je me suis
guérie moi même avec ma seule volonté. Voilà comment ma jeunesse à été gâchée car on disait dans ma famille que j'étais un peu trop sensible.
Je dirais que l'on m'a
enlevé toute forme de liberté et que ma jeunesse à été un enfer digne de ce qu'ont
pu vivre ceux enfermés dans les camps de concentration (comme ma mère) durant
la 2eme guerre mondiale.
Je tenais à témoigner
pour me libérer de ces chaînes qui me poursuivent et qui polluent encore mes
pensées. Merci de m'avoir lue. Elisabeth."