samedi 19 janvier 2013

Un témoignage bouleversant d'internement abusif pour cause de commodité



"Voici mon témoignage sur les internements psychiatriques abusifs dont j'ai été victime.
Vers 25 ans (j'en ai 53) j'étais à l'Hôpital Fernand Widal pour une désintoxication à l'alcool. Jusque là rien de bien méchant. Mais dans cet hôpital, j'avais tendance à devenir anorexique avec des tendances boulimiques. Certains membres de ma famille, avec la complicité des psychiatres m'ont enfermé en tant que schizophrène (il s'est avéré dix ans après que je n'avais jamais eu aucun symptôme de schizophrénie)
Ils m'ont envoyé à Maison Dieu, je crois que c'était à Paris, où je me suis retrouvée enfermée dans un dortoir de plus de 50 femmes toutes générations confondues, avec interdiction de sortir et camisole chimique. Pour prendre une douche, on faisait la queue à poil, comme traitement inhumain, il n'y a pas mieux. Ensuite on m’a enfermé à l'HP d'Auxerre avec des barbelés de plusieurs mètres de haut, comme si un jour j'avais été dangereuse. Le comble ce fut ce centre ou on y mettait des femmes qui venaient d'arrêter l'alcool 2/3 jours avant, ce n'était pas mon cas puisque j’avais arrêté depuis de nombreux mois. Je n'ai pu me sortir de cet enfer qu'avec la complicité de l'assistante sociale et du médecin, en secret, qui étaient en procès contre la directrice du centre pour traitements inhumains (la directrice a été obligée de fermer son centre par la suite). Dans ce Centre, on se levait à l'aube et travaillait jusqu'à très tard. J'avais travaillé à la chaine donc je connaissais le travail difficile, mais dans ce centre c'était bien pire, car on nous considérait comme des animaux et encore je suis gentille.
[Question : où allait l'argent ainsi gagné?]
 
Sans compter les nombreux mois ou je suis restée dans le service des urgences à l’hôpital Sainte-Anne où il y avait 4/5 lits dans chaque chambre, on avait à peine la place de passer pour accéder à son lit (il fallait se mettre de côté).
Ensuite toujours pour mon bien on m'a mis dans une chambre à Paris, bien sûr j'avais le droit de sortir. Mais vu ce que j'avais vécu et ce que l'avenir me réservait toujours grâce à ma chère famille et la complicité certaine de la psychiatrie, j'ai tenté de me suicider. Je me suis retrouvée dans un coma de plus de dix jours après avoir avalé une dose massive de médicaments. C'était à l'époque ou J. Chirac avait mis en circulation la carte Paris Santé qui permettait d'aller consulter plusieurs médecins en une seule journée.  Après ce coma, je me suis réveillée avec la jambe gauche paralysée. J'ai mis plus de dix ans à remarcher sans aucun soutien, ma famille n'ayant donné aucune nouvelle durant tout ce temps.
C'est après ce temps que j'ai su que je n'étais pas schizophrène et que ces enfermements ne m'avaient guéri en rien. Je me suis guérie moi même avec ma seule volonté. Voilà comment ma jeunesse à été gâchée car on disait dans ma famille que j'étais un peu trop sensible.
Je dirais que l'on m'a enlevé toute forme de liberté et que ma jeunesse à été un enfer digne de ce qu'ont pu vivre ceux enfermés dans les camps de concentration (comme ma mère) durant la 2eme guerre mondiale.
Je tenais à témoigner pour me libérer de ces chaînes qui me poursuivent et qui polluent encore mes pensées. Merci de m'avoir lue. Elisabeth."

2 commentaires:

  1. Je me suis toujours demandé pourquoi la grande sensibilité de l’âme , qui est la marque des plus beaux esprits, dérange autant et pourquoi on en fait une maladie ?!

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