mercredi 2 janvier 2013

Une variante du syndrome de Stockholm, le syndrome du Titanic


Un événement peu connu sur le naufrage du Titanic. On le sait, dans ce luxueux transatlantique, il n'y avait pas assez de canots de sauvetage ; forcément puisqu'il était insubmersible. Si bien que lors du drame, les passagers mirent longtemps à s'inquiéter réellement, d'autant que les communications furent sciemment optimisées pour éviter la panique; du coup on eut l'inverse, tout aussi grave : les gens ne mirent aucun empressement à quitter un navire illuminé et confortable pour des canots exigus et qui semblaient si fragiles dans l'océan sombre et glacé. Il y eut donc des passagers (des premières classes) qui furent évacués presque malgré eux et qui tournèrent autour du bateau dans des canots à moitié vides. 

Mais vite la tendance s'inversa. L'eau affluait en bas, il fut clair que rien n'allait pouvoir éviter le naufrage de l'insubmersible. Ce fut alors la ruée, empêchée violemment par les hommes d'équipage et même les stewards qu'on avait armés, obéissant aux ordres et qui se savaient condamnés, surtout envers les passagers de 3ième classe (les grilles furent fermées!) La barbarie sans nom de ces hommes contre les leurs.  

Sur les 1 491 à 1 513 victimes, la sur représentation est évidente des classes défavorisées et des marins : 76 % des membres d'équipage et 75 % des 3ième classes moururent (mais toutes classes confondues il y eut 25 % de femmes contre 82 % d'hommes) et 700 rescapés. 
Et là, toutes classes confondues, on eut deux attitudes opposées parmi les passagers : l'instinct de survie et la lâcheté (dont l'image est donnée par le directeur de la compagnie lui-même, le premier à avoir su depuis le départ que le drame était inéluctable, qui se faufila discrètement dans un canot au milieu de femmes) et l'héroïsme (dont l'image demeure du richissime héritier ayant refusé d'embarquer, calmement assis sur le pont, les femmes et les enfants ayant été priorisés, ce qui n'est pas toujours le cas -contrairement à ce qui se passa lors de l'incendie du Bazar de la Charité en France*-). Tout cela est connu, sans doute un peu déformé par le mythe, mais grosso modo confirmé par les survivants, en majeure partie issus des premières classes. 


Ce qui l'est moins c'est qu'au moment de l'engloutissement, les gens désespérés qui avaient laissé leur place aux autres ou qui n'avaient pu embarquer sautèrent dans l'océan, gilets de sauvetage ou pas; pour la plupart ils moururent d'hypothermie assez vite. Mais certains parvinrent à nager assez longtemps en direction des canots peu peuplés (davantage toutefois pour ce qui est des derniers à avoir été mis à l'eau) voire à peu près vides pour les premiers (on n'avait pas voulu mélanger les super VIP et les autres!) qui s'éloignèrent à vive allure et refusèrent de revenir vers ceux qui ne noyaient.. qui parfois lorsqu'il s'accrochaient furent repoussés à coup de rames! par ceux-là mêmes qu'ils avaient laissés passer avant eux, parfois par héroïsme ou d'autres par nécessité. Un symbole cruel. Un syndrome de Stockholm inversé et encore plus pénible (lien).

[Une exception, un homme d'équipage qui "vida" son canot dans les autres et tenta de s'approcher du lieu du naufrage où il sauva quelques rares nageurs qui avaient survécu].

* Lors de l'incendie du bazar de le "charité" (sous Napoléon 3)... où parmi les gens chics de la très haute qui se trouvaient là, une foule, la mortalité des femmes fut terriblement surreprésentée. (Leurs fanfreluches, leurs robes et sous vêtements malcommodes qu'elles ne pouvaient ôter seules -corset etc..- les ayant transformées immédiatement en torches.. Mais beaucoup moururent aussi... assommées par des pommeaux de canne fort en vogue à l'époque, fort utiles pour se frayer un chemin dans la fournaise. C'était l'époque de la galanterie où on aidait les dames à monter et descendre des fiacres, où on leur tenait les portes etc (lien)..



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