lundi 21 novembre 2011

La mort d'Agnès dans un lycée-collège chic à la clientèle soigneusement triée -du moins financièrement-. Une délicate hypocrisie

17 hectares de parc dit la brochure
Un collège-lycée privé avec internat dont, si j'ai bien lu, les frais de scolarité s'élèvent par année (en internat ou seulement pour l'internat?) à 10 600 € plus les 500 d'inscription et autant de scolarité pour ceux qui ne sont pas du "plateau vivarais", à quoi s'ajoute le coût des gardes spéciales pour les vacances non comprises, ça doit tourner autour de 3000 €/mois ou davantage. 

Leur brochure en deux langues anglais-français est est ici (lien) avec en exergue cette belle formule "De la différence de chacun, créons une richesse", ou "éduquer aux responsabilités"* (!) and so on. Quelques autres, savoureuses, prônent l'humanisme, la non violence, le respect des cultures et annoncent comme profession de foi de l'équipe enseignante "le désir de développer chez l'enfant des qualités morales et intellectuelles de tolérance".. 

Alors une question: les administratifs et/ou actionnaires savaient-ils qui ils accueillaient réellement dans leur bel établissement? Une entreprise commerciale, comme toute entreprise doit générer du profit.. et ces formules d'accroche rendent à présent un son particulièrement cruel (lien) Il nous a semblé que son projet pouvait être compatible avec la politique pédagogique de l'établissement dit en substance le proviseur. (Ça oui.. mais pas comme il le pensait.)


Au moins ce reproche ne peut-il être fait aux établissements publics, non exempts de désinvolture certes (lien) . Autre question : des inspecteurs de l'Education nationale sont-ils venus visiter ce paradis comme c'est leur rôle ? Ont-ils jugé qu'ils pouvaient s'en dispenser étant donné le niveau financier et peut-être (?) intellectuel des parents et de l'établissement? Comment les profs étaient-ils nommés? Le présumé coupable a-t-il parlé à l'un d'eux? A la psychologue puisqu'il semble qu'il y en avait une? Celle-ci a-t-elle répercuté?


* "Éduquer aux responsabilités" est la formule classique et révélatrice des établissements se donnant pour mission de formater à prix d'or l'élite des futurs décideurs politiques ou administratifs.. ou à l'autre extrémité de "récupérer" des enfants déjà, comme on dit pudiquement, "à problèmes". Par ailleurs, on peut s'étonner que dans un collège où les élèves semblent peu nombreux et excellemment pris en charge, une jeune fille qui n'a pas 14 ans "sorte avec" -comme on entend dire par ses camarades, c'est à dire? couche ? Où ? Dans la nature?- avec un garçon de 17 sans que cela apparemment n'émeuve personne, un gars qui avait déjà eu "des problèmes", toujours la formule!.. avec une fille en juin dernier sans pour autant que le proviseur ou un membre de l'équipe n'ait songé à se renseigner sur les causes de ses "problèmes" ayant généré quelques "ennuis" judiciaires, je cite encore. Qu'on ne se moque pas: une telle condamnation à son âge, non ce n'étaient pas un vol de mobylette ou des incivilités! J'ai été proviseur : on "y" pense, ce ne peut être qu'un viol ou tentative. Ces formules d'understatement qui confinent à de l'hypocrisie noient le poisson sous prétexte de réinsertion; la réalité est que l'on ne sait littéralement pas "quoi" faire de certains jeunes que l'on cherche à fourguer à qui ne se montre pas trop regardant, le privé si les parents ont les moyens est l'idéal. Ce faisant on fait courir des risques à tous. Il a eu "des ennuis" avec la justice; "des problèmes avec une jeune fille"; Agnès "sortait avec lui".. Non! Il avait violé avec préméditation (et sans doute préméditation de meurtre étant donné l'outillage, un coup de fil de sa mère avec un téléphone visuel ayant sauvé in extremis la gamine, un miracle et une intuition extraordinaire); avait tenté de récidiver une fois, s'était donc lié dans ce bel établissement à une future victime de 13 ans et a recommencé mais cette fois en suivant son plan jusqu'au bout, pratique les 17 hectares sauvages entourant les chambres. Un drame annoncé.

Lorsque l'on voit les bois sinistres qui entourent le coquet bâtiment -on a cherché Agnès toute la nuit, en vain malgré un déploiement de moyens impressionnants-, lorsque l'on comprend que durant une journée entière d'hiver (la nuit tombe vite et c'est désert) de "liberté", sans la moindre surveillance, la gamine, qui sans doute avait déjà des relations avec lui (jusqu'où?) s'est retrouvée seule avec ce multirécidiviste du viol (ou de tentative de meurtre), on croit un thriller un peu chargé. Il avait tout prévu, s'était comme la première fois muni d'objets, l'a violée et torturée à mort en prenant son temps, puis a brûlé son cadavre, tranquille au fond des bois. Personne n'a rien vu (et pourtant brûler un corps n'est pas simple, c'est long, cela dégage des fumées, l'odeur est effroyable etc..) En somme, l'endroit était idéal.

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