vendredi 21 juin 2013

Lettre à la femme de mon mari. Les hommes de 68 ans qui s'apparient avec des plus jeunes... qui s'empressent. Femmes à la casse.


C'était avant

C'était après



C'était il y a trois ans



C'est maintenant


Madame,
Je vous hais comme je n’aurais jamais imaginé haïr quelqu’un, je vous hais pour votre sourire bêta, pour votre médaille de la vierge, pour votre nom même qui n’est pas vôtre, pour vos ternes cheveux frisés, pour vos sandales de Baden Powell (eussiez-vous porté des escarpins je vous aurais haï pour cela) je vous hais comme certains haïssent les juifs, les arabes ou les femmes mais moi pour une raison unique, de m’avoir pris l’homme que j’aimais, rien de bien mirobolant certes mais enfin je l’aimais justement pour cela. Je vous hais d’une haine animale, inextinguible, très relativement injuste, très relativement car surfer sur des sites de rencontres « sérieuses » (ou de cul) risque de vous faire pêcher des prétendants qui vous racontent qu’ils sont seuls, si seuls, (c’est terrible), séparés (presque, flou artistique) ou que leur bonne femme est… (re flou artistique, en gros, une mégère)… alors que recto verso ils lui assurent qu’elle est le soleil qui illumine leur vie, qu’ils ne peuvent vivre sans elle… et que votre histoire, à supposer qu’ils la lui aient avouée (parfois, forcés, trois ans après) n’est qu’un trompe temps sans aucune importance relié à la solitude ou à une relation difficile avec elle (!) qui les peine tant, (là, il faut les plaindre, sortez les mouchoirs) en somme c’est de sa faute à elle sinon jamais ils n’eussent…  etc..

Je vous hais parce que vous baisez avec lui alors qu’il ne le peut avec moi, forcément le préservatif n’est pas son truc, et, indépendamment des risques de maladies (surtout lorsque l’on s’amuse sur ce genre de sites) j’ai une certaine répugnance à voir une bite qui a trempé la veille dans un autre vagin ou bouche tenter de s’insinuer telle que dans le mien, de même qu’on ne prête pas sa brosse à dent à moins de l’avoir fait tremper dans de la javel puis passée au micro onde, ce qui avec une bite n’est pas facile quoique ça me donne des idées. Je vous hais d’avoir accepté ou suggéré ? avec empressement, après qu’il eût brûlé sa maison car il est distrait, qu’il vienne poser ses valises chez vous et de l’avoir ainsi engagé comme permanent lorsqu’il n’était que vacataire. Je vous hais d’avoir saccagé ma vie avec une aimable désinvolture ou par calcul, d’avoir dix ans de moins que moi (en eussiez-vous eu dix de plus, je vous haïrais sans doute pour cela.. quoique cela m’aurait peut-être donné l’espoir que vous mourriez avant moi) et par ricochet en partie celle de mes enfants qui peinent presqu’autant, même si j’ai longtemps caché cette souffrance au point de ne même plus venir à Paris, de loin, elle était atténuée. Je vous hais de ce que j’ai été formatée par une hussarde noire à la longanimité et de m’être crue plus forte que je ne pensais ; il faut se méfier des philosophes, des héros, de ceux qui se mettent à la place des autres, toujours, s’oubliant eux-mêmes, de ceux qui disent « ce n’est pas sa faute, c’est sa mère qui l’a conduit à haïr les femmes (ou plus exactement à la fois à les mépriser et à en avoir peur) car elle conditionnait son amour à sa ‘réussite’ en tout ce qu’il ne voulait ou ne pouvait pas réussir. Habitué à une pose permanente, un bluff, des cacheries constantes de ses failles… pour espérer être aimé quand il aurait pu l’être malgré ou à cause de celles-ci, sa vie est une vie de chien ou d'équilibriste en somme... une femme qui lui a aussi répété ‘méfie toi des femmes elles n’en veulent qu’à ton argent’ -qu’ils n’en aient plus eu du tout n’avait aucune importance, elle faisait de l’auto allumage-… »

Oui, il faut se méfier de ceux qui disent encore, « ce n’est pas sa faute, elle a dû croire ce qu’il lui a raconté ou suggéré (car il ment par suggestion, là c’est un as) » ou encore « ce n’est pas la faute de sa mère qui a été mariée (plus exactement vendue mais avec son accord empressé) à un homme qui avait le double de son âge avec pour job unique mais pesant de lui pondre fils sur fils, (elle n’en a fait qu’un hélas) » un fils qui devait devenir à son tour le chef et qu’elle considérait comme son mari à condition qu’il le méritât et elle plaçait la barre assez haut. Ce n’est peut-être pas sa faute, celle du pauvre promu malgré lui, celle de la femme au sourire couillon des sites de rencontre genre « dame avec maison de campagne cherche monsieur avec permis de conduire, situation en rapport » mais c’est moi en bout de chaîne qui morfle et ça, non. PLUS JAMAIS. Revenir à Paris où je n’avais pas remis les pieds depuis plus de 4 ans a été un électrochoc : la vision du réel n’est pas identique à son évocation discrète, l’imaginaire floute les détails trop cruels, les images vraies frappent à la gueule comme un marteau. 

Je vous hais du superbe appartement où vous résidez et baisez (au tarif HLM si j’ai bien compris, je parle de l'appart évidemment) dans un quartier que j’ai toujours considéré comme mien (eussiez vous habité ailleurs ce n’aurait pas été la même chose) quand moi je vis (un choix en un sens, si l’on peut dire, j’écrirais plutôt un choix obligé, mais cela est une autre affaire qui ici n’a qu’une place évocative) dans une maison où je me chauffe au bois (je le coupe etc..) et où je n’ai actuellement pas d’électricité, où je vais puiser l’eau (glacée) au puits etc… cela n’est rien, mes ancêtres cévenols l’ont toujours fait et je ne suis pas mieux qu’eux, au contraire… mais une maison où, lorsqu’il arrive (car il vient ou plutôt venait malgré tout) il m’agonit souvent de palinodies cruelles (il lui est impossible de vivre ainsi, dans une telle merde -exact, relativement- il ne comprend pas comment moi je le peux, je suis dégueulasse etc..) furieux parfois au point d’avoir demandé un soir, (le premier soir de son arrivée), d’être raccompagné (puis au téléphone, recherché car souvent il varie).. Forcément, lorsque je vois ce que vous lui offrez et ce que moi je peux lui donner, il n’y a pas photo comme on dit aux courses. Ma terre est belle cependant, ce doit être ce qui le motive, plus l’amour (sait-il seulement ce qui le motive ?) qu’il prétend éprouver pour moi (?) mais ça… car il ne ment pas vraiment, il y a simplement pour lui autant de vérités que d’instants, c’est juste à sa convenance, à son désir, pour obtenir satisfaction, et cela peut changer d’une seconde à l’autre car son désir aussi varie, il me voit, il m'aime, mais alors follement, ("je serai toujours à tes côtés") et la seconde d'après, il appelle pour le TGV; cela ne le gêne en rien de me déclarer son amour puis de « rentrer » comme il dit (chez lui en somme, c'est-à-dire chez vous) juste après… et re belotte le lendemain… C’est cela que j’ai vécu ces jours-ci et qui a outrepassé mes forces sans que je le prévoie, comme un coureur de fond claque d'infarctus au bord de la ligne d'arrivée. Si je rêve de vous dézinguer, c’est pour ne plus souffrir autant, un peu moins seulement.

Il faut se méfier des parfaits ou des gens qui visent la perfection, des héroïques, de ceux qui comprennent tout, qui se croient plus forts que la mort, lorsque la soupape saute, la pression accumulée est énorme. Qui veut faire l’ange etc.. Ce n’est de la faute de personne, oui, mais la pauvre conne (c’est ce que je suis) a changé, comme il m’a dit, bouleversé, (et là c’est sûr, il était sincère) « ce n’est plus toi ! Redeviens toi ! S'il te plaît!» et en effet ce n’est plus moi et ça ne le sera jamais plus. « Moi » est morte définitivement, et avec elle 25 ans de ma vie, c’est en quelque sorte un assassinat rétroactif de moi qui s’est accompli, que j’ai vu s’accomplir en quelques secondes. « Moi », celle d’avant, celle qui l’a aimé malgré ou à cause de quelques problèmes (impossibles à cacher ceux-là) que j’ai contribué à résoudre (en partie), qui a ensuite subi son indifférence, un mari virtuel toujours ailleurs pour « ses affaires », c’est à dire celle de sa « famille », de sa mère, au Brésil et qui l’avais averti que j’avais besoin tout de même de « plus », plus de présence, plus d’amour. Il balayait ces « jérémiades » d’une forte formule « sois raisonnable, voyons, j’ai MA famille, mes immeubles, je ne puis les occulter, c’est comme ça, (sous entendu c’est à prendre ou à laisser) »… jusqu’à ce que je rencontre un homme que j’ai aimé et quitté tant sa douleur était immense (celle de Didier le fut tout autant)… et là, soudain, comme c’est curieux, il s’est mis à me coller, famille, immeubles, locataires, procès, pffftt, fini ! Jusqu’à qu’à nouveau etc… car il est fort ingrat, le bien qu’on lui a fait, la supportation stoïque de certains problèmes siens (pas minces), une fois ceux-ci résolus, est oubliée, du reste ses problèmes mêmes n’ont jamais existé ; tel un poussah il redevient le bluffeur habitué au baisage de bottes, on croirait même qu’il vous en veut alors, peut-être de trop bien le connaître et éventuellement de parler, lorsqu’on bluffe, ça peut vous péter à la gueule, c'est toujours emmerdant.. Cela génère angoisse et problèmes. Pas d'amis, ou alors des gens exceptionnels, juste des relations, voire des courtisans (ça il adore). L'ennui est qu'il confond souvent. Il m'a écrit récemment que si je continuais, j'allais finir par le perdre (!) Sans rire. Même actuellement, il est un cadeau qu'il faut mériter.

D’où ma fuite… et vous-même. Enfin, vous-même, je ne sais pas. En tout cas c’était bien avant ma fuite je pense, (au fond, je ne sais pas trop, il ment avec un tel brio) une Elizabeth (?) également, car je crois qu’il y en eut plusieurs ; je les avais numérotées pour faciliter, il y avait Elizabeth 1 ; Elizabeth 2 et Elizabeth 3.. mais peut-être était-ce la même, la démultiplication des Elizabeth n’ayant été qu’un leurre pour que je croie à des histoires minimes, ça je ne sais pas et au fond je m’en fous? Oui la pauvre conne qui l’a tiré d’un pétrin et ensuite s’est vue mise au rebut, et cela plusieurs fois de suite, qui a quitté un homme qu’elle aimait aussi (et l’a broyé pour le préserver lui, le plus fragile des deux) à présent, a changé ; je vous hais tous deux comme jamais et je ne vous lâcherai ni l’un ni l’autre jusqu’à vous pourrir la vie comme vous avez pourri la mienne.

Je n’ai certes pas votre entregent (j’imagine qu’il en faut pour vivre où vous vivez au tarif HLM et de surcroît prendre des locataires) ni votre âge (en fait j’ai 10 ans de plus je suppose, peut-être plus car sur les photos vous ne faites pas plus de 45 ? ans et j'en ai 65) ni certainement votre force (je ne puis, moi, marcher très longtemps et cela depuis toujours, une sciatique actuellement accentuée par un travail physique assez lourd ou reliée à l’hérédité) mais j’ai une force bien plus grande et effroyable (pour moi) celle du désespoir où vous m’avez conduite et celle-là, est irréfragable. C’est vous qui me l’avez insifflée. (Je laisse la faute.)   
Bien à vous, comme on dit.

dimanche 9 juin 2013

L'Ecole Normale d'institutrices d'Aix en Provence, en 63

 
 En réalité, l'école "Normale" (du moins celle d'Aix) n'avait pas vocation à former des institutrices; rares étaient les élèves qui avaient vraiment la vocation voire le désir de le devenir. Elle recrutait après concours des jeunes filles démunies et bosseuses, parfois des cas sociaux, dont les familles ne pouvaient assumer la scolarité au delà du brevet (après la troisième).. qui, si elles avaient été reçues, se trouvaient emprisonnées pour trois ans (de 15 à 18 ans) jusqu'au baccalauréat.. (un exemple de notre total isolement, nous avons appris la mort de Kennedy un jour après.) Ensuite, il fallait payer l'addition de tous ces repas (excellents certes) gratuits: elles étaient logiquement contraintes de devenir institutrices toute leur vie, qu'elles le veuillent ou non... ayant en quelque sorte été achetées par l'Institution qui les avait nourries, logées et instruites en lieu et place de leurs leurs parents. Jusque là, le deal est quasi normal même s'il confine à un abus de situation (un enfant n'ayant pas le droit de donner son assentiment à un tel marché, les parents qui s'engageaient à leur place disposaient donc d'eux comme des propriétaires d'animaux, ce qui est un peu limite*.) Mais le pire était qu'elles étaient ensuite interdites d'étudier à l'Université, quels que soient leurs résultats. C'était une sorte d'esclavage infantile tout à fait toléré bien que, à y regarder de près, illégal. "Vous ne vous appartenez plus à présent, vous appartenez à l'Education Nationale et vous n'avez donc pas le droit de tomber malades ou de faillir" nous avait dit la prof de math la première semaine, ulcérée de nous voir assises sur une haute balustre ventée. Peu après je tentai de me suicider. Juste pour montrer que j'étais libre. C'est ainsi que je parvins à m'échapper de cette prison... comme seulement une sur 70 détenues que nous étions. 
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 Dans ces établissements, les filles étaient en général issues de ce que l'on appelait les "troisièmes spéciales" des Cours "Complémentaires" (maintenant dits "collèges" ou CEG); après la troisième "normale" et le brevet, au lieu d'aller au lycée en seconde, elles préparaient pendant un an le concours... qu'il leur fallait impérativement obtenir, sinon tout était perdu, les "spéciales" ne tenant en aucun cas lieu de seconde. Rares étaient celles provenant de lycées ; dans la promo où je fus brièvement, j'étais la seule. Une telle origine était assez mal vue aussi bien des filles que de certains profs "maison", une anormale bifurcation (souvent relié à des problèmes familiaux graves et inattendus, ce qui était mon cas) d'un cursus qui devait conduire au bac les élèves de milieu bourgeois ou assimilé... Nous prenions la place de celles qui l'auraient davantage mérité.. et, pire encore (pour les profs maison) démontrions l'inutilité des "spéciales" auxquelles elles tenaient tant, donc la supériorité des lycées (réelle, mais sous omerta.) Ce fut mon cas.
*Mes parents par exemple, dont la situation matérielle était précaire (du moins le redoutaient-ils, bien que très vite ce ne fut plus le cas) refusèrent que je démissionne : mon admission imprévisible les ayant soulagés d'un grand poids, plus question pour eux de le ré endosser. J'étais ainsi assurée d'avoir un travail sûr, une chance rare dans la conjoncture etc etc.. Je ne pus jamais faire entendre ma voix, de quelque manière que je m'y pris, même après avoir clamé partout, jusqu'à la directrice, qu'en aucun cas je ne voulais devenir institutrice. Hypocrisie banale "ce n'est pas grave, vous changerez, la vocation, cela s'acquiert" (!) Après ma tentative de suicide, un appel au secours mais j'étais groggy, ce fut la débandade, l'école refusant d'en assumer la responsabilité finalement me paya une thérapie qui me remit d'aplomb en deux séances et surtout je quittai enfin ce lieu. Ce fut pourtant la fin, en accélérée, de mon enfance (car jusque là j'avais plutôt eu de la "chance" -relativement, si je compare aux détresses que j'y découvris-). J'avais ouvert les yeux sur le monde -le monde réel- dont j'ignorais tout et ne l'ai jamais oublié.
Voir ici http://femmesavenir.blogspot.com/2015/06/lecole-normale-dinstitutrice-et-le.html

lundi 3 juin 2013

Réponse d'un "Victor de l'Aveyron" au Comité CEDIF (pour la détense des individus et des familles). L'amour parental n'est pas obligatoire !




"Catharsis", tableau galerie "Archétype", HL

"Enfance"

"Adolescence"
 Vous avez raison de dénoncer le système qui fait des travailleurs sociaux (reliés à la Justice, elle-même démunie de moyens) des démiurges incontrôlables et quasi incontrôlés (voir "Secret de famille" -lien-) soumettant parfois des enfants de familles défavorisées à des placements arbitraires après des enquêtes partiales voire malveillantes.. générant des drames innombrables sous couvert de les pallier.. 
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Mais je persiste dans mon analyse (au cas par cas, je n’en fais pas une thèse) ayant moi-même été une enfant, non maltraitée au sens où on l’entend généralement –pas vraiment mais quasi totalement désinvestie de la part de l’un de ses deux parents avec l’accord tacite de l’autre, pourtant dominant et à sa manière, aimant– ; ce genre de passif est en général tu par la victime et, au cas où celle-ci fait partie d’un groupe social considéré comme sans risques, personne ne s’en soucie, surtout si extérieurement elle fonctionne "bien" –résultats scolaires, comportement etc.. – Qu’on se le dise : un enfant trop peu dérangeant, de trop bons résultats scolaires.. constituent parfois un signe d’alerte, jamais détecté. Les parents peuvent même être considérés comme parfaits. [Cela change un peu si la victime devient délinquante mais ce n'était pas le cas.] J’eusse bien aimé qu’une personne extérieure quelle qu’elle soit se penchât sur ma famille, ne serait-ce que pour en pointer les dysfonctionnements (légers tant que des membres extérieurs efficaces et aimants, ici des grands parents, des collatéraux, proches géographiquement, compensèrent, mais inquiétants ensuite). 
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Mon cas n’est pas extrême : mes parents formaient simplement un couple amoureux fusionnel fermé –en proie à quelques difficultés matérielles– interdit à tout "tiers" –comme ils disaient susceptible de déranger leur lune de miel permanente; et j'étais un de ces tiers, de surcroît permanent ce qui aggravait le cas. Rarement haïssants sauf cas d' "ingérence" de ma part: plus rien n'existait dès que mon père ouvrait la porte le soir et il ne me fallait pas tarder à filer à ma chambre. Lui n'avait probablement jamais vraiment voulu d'un enfant, n'ayant fait que céder à sa femme comme pour tout. [Deal implicite? qu'il n'ait pas à s'en soucier. A sa décharge, ce fut raté, ma mère étant tombée gravement malade à ma naissance... qui de plus fut suivie d'une série de drames familiaux qu'ils encaissèrent mal... Voulue, oui, du moins à demi, je le fus.. mais regrettée, je le fus bien davantage. Ma chance fut que des grand-parents, oncles, tantes.. prirent le relais tant que nous restâmes dans la région. Il en alla différemment lorsque nous partîmes.]


 Lien

Mais il est des cas où la haine est flagrante (quoiqu’inapparente) et où le discours extérieur des parents est falsifié (incriminant l’enfant pour justifier leur comportement à son égard c’est à dire inversant cause et conséquence).. Et, lorsque la flagrance et l'extrême gravité des maltraitances sont démontrés (viol, inceste par exemple, dans un village où tout se sait.. mais se TAIT) et que l’enfant leur est retiré, souvent avec leur bénédiction inavouée.. ce sont alors les travailleurs sociaux voleurs d'enfants qui seront dézingués. Et à cela, oui, même des quasi analphabètes peuvent s’entendre. 
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Marquée par mon passé, je me suis souvent mêlée de "ce qui ne me regardait pas" et faite piéger. Dans un cas poignant [j’ai "recherché" et hélas retrouvé sans difficultés majeures l’enfant "perdue" soi disant "arrachée" à une famille aimante etc etc.. avec pour résultat un second rejet pour le coup, franc infiniment plus virulent et traumatique.. sous prétexte que la gamine était "insupportable, délinquante, violente" etc.. faux] ce fut un drame pour elle mais aussi pour moi, moindre.
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Mon intervention ayant –involontairement ouvert des placards où pourrissaient des cadavres, l’un des membres de cette famille (une victime pourtant, mais un "syndrome de Stockholm", c’est à dire une victime solidaire des responsables de ses dols et de ceux de sa fratrie) tenta de se venger en me discréditant, sans doute de peur que je ne "parle", que je ne viole l'omerta ["j’étais une folle mythomane frustrée"].. et, geste inouï de celle qui endossait assez bien le rôle de l'excellente amie/voisine/parente, elle m’adressa, signée fautivement par un ami dont il lui semblait vital de me séparer, une lettre sordide d'une effarante cruauté. Le pot aux roses fut dévoilé longtemps après (suite à un enterrement.) Une chance : mon milieu social et ma vie ailleurs m’avaient mise hors d’atteinte de ces scories.. relativement. 
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Il faut donc le savoir : s’ "attaquer" (ou vouloir aider, paradoxalement cela revient au même) à des familles perturbées ET perverses (oui, cela existe) c’est courir le risque : 1 de faire parfois plus de dégâts que de bienfaits et 2 : de se placer soi-même dans leur collimateur. Cela explique la lâcheté de beaucoup, y compris de travailleurs sociaux, même devant des maltraitances extrêmes, évidentes, zoliennes (ces faits que je découvris par la suite étaient en fait connus de tous, mais sous omerta.) Voir "le cas Léna" dans ce blog.
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 Il est faux que les "gens" bavardent, comme on dit; au contraire, pour tout ce qui est grave, lourd, même devant l’évidence, ils se taisent, confus, ne s’exprimant et avec réticences que si quelqu’un, en premier (!) a osé plonger, pour opiner, confirmer, légèrement, l’air de rien, puis, avec des détails de plus en plus précis montrant qu’en fait ils "savaient", bien qu'affirmant le contraire. ("Mais ce sont leurs affaires on peut pas s’en mêler.") En fait, les dysfonctionnants peuvent être extérieurement sympathiques, réellement ou par calcul (?) de parfaits voisins, amis indéfectibles, serviables, bosseurs, d'humeur égale.. et/ou aussi faire peur, peut-être à juste titre : s’ils se comportent de cette manière envers les leurs, que sont-ils susceptibles d’infliger à des out siders qui les défendraient? Comment se "mettre mal" avec qui ne lésine pas à rendre régulièrement quelques menus services? 



A cela s’ajoute que souvent, les victimes enfants "naturels", nés d'inceste, uniques, sur doués, femmes, handicapés, vieux... déjà faibles et davantage écrasées encore, un fait constant est le veto posé d'étudierne se défendent pas ou mal, résignées, se défiant de tous et aimant leur "famille" –à rebours de ce qui conviendrait. ("Et on n'a pas à s'immiscer.") 
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En effet, même si les rétorsions ne sont pas aussi lourdes que certains redoutent, -tout dépend du rapport de forces, ici en ma faveur-, il est vrai qu'il faut s’attendre à un retour de bâton: le dos au mur, le dysfonctionnant peut cogner bas et fort [ainsi la lettre "détournée" enfonça-t-elle le ou plutôt les clous avec une férocité impensable, développant des épisodes douloureux passés et récents, séparation d'avec mon mari suivie de la mort de ma mère.. rejet dont j'avais été victime autrefois exact et à présent faux "personne ne pouvant m'aimer" car ma frustration sexuelle? ce n'était pas dit mais largement sous entendu– et mon déséquilibre me fondaient par jalousie à gâcher le bonheur de familles et de couples s'aimant en toute transparence (!) etc etc*.. Cool.] Ceci pour dire que les travailleurs sociaux eux aussi, eux surtout, aspirés par ces remous de fange, peuvent se fourvoyer et qu'il n’est pas toujours juste de les tacler si violemment.



* Cruel, abject, mais banal : pour isoler et re précipiter quelqu'un dans le gouffre, on l'incrimine pour ce qui précisément l'a blessé : s'il a été rejeté, c'est qu'il ne méritait pas l'amour que naturellement tous les parents offrent à tous leurs enfants sauf à lui. On retourne soigneusement le couteau dans une plaie jamais totalement fermée, et on y verse de l'acide. C'était le corps de la lettre.

Mais ici, cela fut pondéré par la suite par une naïve et presque parfaite inversion des personnages qui rendait certains passages quasiment comiques : j'avais à l'époque un compagnon passionné trop, et surtout trop jeune– qui m'avait guérie haut la main du manque de confiance en soi de ceux qui portent des enfances dysfonctionnantes; "Secret de famille" m'avait libérée ; "Noces kurdes" où pour la première fois je parlais de moi et justement de sexualité venait de sortir et, avec une galerie d'art, je m'étais taillée dans un village d'adoption une place qui me donnait satisfaction. Alors que l'auteure du poulet signé par un autre (!) n'avait pas eu cette chance. De toutes manières, je ne fus pas trop affectée; un peu tout de même : comment pouvait-"il" (il !!) sans jamais l'avoir montré, me haïr avec une telle virulence ? Depuis quand? Je n'eus même pas le courage d'exiger des explications: devant une exécration aussi clairement irréfragable, mieux valait disparaître à jamais, attitude classique de ceux qui ont l'habitude du rejet prévue par la scénariste qui tout de même avait pris un risque (?) se voir démasquée.. ce qui fut le cas, mais trois ans après. Puis je n'y pensais plus. S'il n'y avait pas eu cet enterrement, nous ne nous serions jamais revus.
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[Note : il m'en voulut un peu à juste titre d'avoir pu croire un instant qu'il pouvait avoir écrit ce poulet... mais par ailleurs, ne fit rien de concret contre son auteure qui, avec l'aplomb dont elle ne se départissait jamais, refusa toute explication, elle ne se souvenait plus très bien (!) et puis on n'allait pas ressasser de vieilles histoires sans intérêt etc... En ce sens, on peut conclure qu'il est donc lui aussi responsable comme toute victime qui ne se défend pas (alors qu'elle le peut) car un doleur ne s'attaque jamais à une seule mais à condition que la manip lui semble jouable et que le rapport bénéfice/risque soit positif à toutes celles qui peuvent lui nuire, démolir l'édifice qu'il s'est construit pour la galerie. Et consentir à voir fouler aux pieds sa dignité revient à contraindre d'autres au même reniement, d'où leur rejet ici un demi rejet. En ce sens, la machination fut malgré tout réussie.]

Des risques de se mêler, fût-ce dans la meilleure intention qui soit "de ce qui ne vous regarde pas", définition que Sartre donne des intellectuels ! ["un intellectuel est quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas"]... et de prendre pour argent comptant des tirades de mélo fort réussies dont les dysfonctionnants sont souvent maîtres [l'enfant aimée "arrachée" aux siens par des assistants sociaux impitoyables, que l'on ne parvenait pas à retrouver, l'abominable injustice de la Justice s'attaquant à des gens sans défense, l'incompétence de fonctionnaires etc etc.. Le discours ici pas nécessairement mensonger, pas tout à fait fonctionnant comme une simple aria de pariade ou de catharsis sans conséquences actées, l'erreur fut d'y avoir réagi comme s'il était opératoire, cassant ainsi un spectacle bien rodé à l'intention d'un public facile toujours ému ou faisant semblant –l'adresse de l'enfant apportée sur un plateau deux semaines après obligea à revoir le passage sur l'impossibilité de la retrouver, à quelques évitements acrobatiques, puis à une réécriture en urgence du scénar entier, cette fois en l'incriminant...– La haine, si démesurée eût-elle été, vis à vis de qui avait en quatre coups de fil bousillé une mécanique fonctionnant si bien est une réaction logique.] 
HL
 
"L'âge adulte"

samedi 1 juin 2013

Agression sexuelle sur enfant, l'importance du débriefing





Portraits (exécutés par moi) d'un homme qui, il y a des lustres (très exactement en 51) m'a agressée sexuellement, dans un car (ces vieux cars avec de hauts dossiers isolant complètement les voyageurs) qui reliait Clé à St Ambroix, deux villages distants de 8 km. Je le prenais seule tous les jeudis et samedis pour aller chez ma grand-mère. 

J'avais environ 3 ans. Ma mère m'avait appris où descendre après plusieurs trajets de "répétition", ça collait. Les premières fois, elle me confia au chauffeur et propriétaire des cars Pascal, Léon (?) puis ce ne fut plus nécessaire. Ce jour-là, elle m'avait fait asseoir au milieu, par prudence en cas d'accident, et sur le siège intérieur. J'étais censée ne pas bouger jusqu'à ce que j'aperçoive le "papier collant", en fait une affiche jaune, moment où je devais me préparer pour aller vers la porte.
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Il y avait peu de voyageurs, notamment personne derrière moi. Un homme est monté à l'arrêt suivant (Clairac?) ou s'est déplacé de son siège (?) et s'est installé au même niveau que moi, de l'autre côté de la travée, côté fenêtre. Il me regardait avec insistance, souriant d'un étrange rictus. J'étais mal à l'aise. Puis il sortit de leur emballage en papier-soie divers objets dont je ne me souviens que d'une magnifique petite lampe rouge avec un support en bois tourné, tout en me fixant. Je la contemplais avec intérêt; il poussa alors les objets sur ses genoux et m'invita à venir m'assoir à ses côtés; quelque chose en moi résistait. Et puis je ne devais pas bouger (mais c'était juste à côté). D'autre part, il faut obéir aux grands. Dilemme. A qui ?

Je le revois toujours. Il faut dire que son allure était impressionnante: une extrême maigreur, un teint quasi diaphane, de rares cheveux roux sur un visage chafouin émacié et rose, une barbichette étique de la même couleur, des mains très fines dont les doigts, aux ongles rongés, étaient rougis aux phalanges et de petits yeux de porcelaine délavée, fixes : un "vieil" enfant souffreteux.* Après deux invitations, j'obéis à regret. Là, il me mit la lampe dans la main et me posa des questions en série, quel âge avais-je (je l'ignorais) quel était mon poids (?!?) je l'ignorais aussi etc... Son visage avait changé, ses yeux ne me fixaient plus mais soudain était apparu sur ses genoux un étrange objet (auquel il devait particulièrement tenir car il le serrait en fermant les yeux) rose, annelé, assez vilain, ça semblait accroché à lui, pas sûr, au milieu du bazar, on ne pouvait voir d'où il sortait. De plus, l'objet semblait grossir. Etonnant. 

En même temps, il avait mis sa main sur mes cuisses (en fait il l'avait déjà depuis le début de la conversation mais il avait relevé ma jupe. Son contact direct avec ma peau me gênait de plus en plus -mais je n'osais rien dire- et pire, elle remontait. Il saisit alors ma propre main et tenta de l'amener vers l'objet qu'il serrait, ce à quoi je me refusai à voix haute (par chance, je m'exprimais bien et n'étais pas timide) ; il n'insista que peu mais sa main remonta alors jusqu'à mon sexe et soudain, sans prévenir, il me pinça violemment. Là, révoltée, je criais "mais vous me faites mal!"; il cessa mais continua à se masturber tout en me maintenant et me frottant les cuisses. L'expression de son visage, les yeux soudain fermés, me fit peur.

Je guettais avec une immense impatience le "papier collant" qui allait me délivrer. Pendant ce temps, toujours sa main, toujours ces étranges mouvements de va et viens, mais plus de pinçons et elle ne "remontait" plus. Enfin, l'affiche, je pris mon sac, me levai, après m'être excusée, courus jusqu'à la porte, et avant même que je ne descende, ma grand-mère me soulevait dans ses bras. Je lui expliquai aussitôt qu'un monsieur etc etc.. avec tous les détails... 

Je pensais qu'une telle aventure était si inouïe que personne ne me croirait sauf peut-être elle mais sa réaction ainsi celle des deux dames venues elles aussi m'attendre me stupéfia. Rapide, elle me confia à l'un d'elle et fila à la poste (je suppose pour téléphoner et faire arrêter le car?) Les deux dames m'amenèrent comme une grande brûlée juste en face et dans la cuisine me questionnèrent en feu roulant. Moi qui avais craint de ne pas être crue, voilà que je l'étais bien au delà de ce que je n'aurais pu imaginer. Cette insistance me mit mal à l'aise, presqu'autant que le "monsieur": qu'était-il arrivé de si effroyable pour que Marguerite filât comme un éclair et me laissât à ces deux-là? "Jusqu'où est-il monté?" "Montre-nous." "Il t'a fait mal?" "Montre-nous où." Elles se consultèrent, les yeux inquiets : "Il y a une marque!" "Tu as saigné?" L'une finit par me jucher sur la table et voulut enlever ma culotte. Je refusais avec force, "si, il le faut, on doit voir ce qu'il t'a fait"... NON!! 

Enfin Marguerite survint !! et leur intima l'ordre de me laisser tranquille. Puis, après un bref conciliabule entre elles à voix basse, nous partîmes enfin, un kilomètre de marche dans la campagne, pendant lequel elle m'expliqua très calmement.. "Ce que ce monsieur avait fait était très très mal, çaurait même pu être pire, il y avait des messieurs qui aimaient faire du mal aux enfants, c'était rare mais ça existait, il fallait le savoir.. mais il serait sévèrement puni. Et surtout, il ne fallait jamais obéir aux adultes lorsqu'ils vous demandent des choses qui vous mettent mal à l'aise. Les adultes peuvent être méchants envers les enfants..." Elle me félicita aussi pour avoir très bien réagi en criant et en lui parlant tout de suite.. et conclut en me disant qu'elle se sentait, elle, responsable, ainsi que ma mère car personne ne m'avait jamais mise en garde, croyant que cela ne pouvait pas arriver ici, dans un car familial où tout le monde se connaît.. Puis on parla de chats, de la chèvre et de l'île flottante qui m'attendait et le soir, en me lavant, l'air de rien, elle regarda la marque légère du pinçon et me dit que dans deux jours il n'y paraîtrait plus. Personne n'en parla plus et je n'en fus jamais traumatisée. Il est probable que si on m'avait livrée de force à un "examen" méticuleux, il en eût été différemment.

Toutefois, 62 ans après, je peux encore dessiner son portrait (mais cela n'est pas propre à cette aventure -j'ai une bonne mémoire des visages-).

*Rétrospectivement, il est probable qu'il s'agissait d'un débile mental ou d'un malade génétique auxquels il est impossible d'attribuer un âge, (entre 25 et 40 ans).